Les 5 étapes de la vie ou la danse à 5 temps !

Karima CHIBANE • 7 septembre 2019

Les cinq étape de la vie peuvent appréhender comme une danse à cinq temps.

S'immerger dans chacune d’elle pour s’imprégner de son rythme, jusqu’à trouver une danse confortable pour soi, qui permette d’intégrer la chorégraphie suivante avec fluidité.

A chaque étape, un temps est nécessaire pour accueillir, laisser vivre ce qui se passe en vous et l’intégrer petit à petit.

L’objectif est de se rapprocher le plus possible de la congruence avec la fluidité de l'eau. C'est à dire une authenticité profonde, qui met en cohérence, le dire, le sentir, le penser et le faire.Tout en soi est alors, parfaitement aligné, nous permettant d’être à la vie en toute sérénité, comme une danse légère, alerte, facile porté par le flow.

Le premier temps est l’accommodation : Il s’agit de toute la période entre notre naissance et la quarantaine, le temps ou nous sommes tournés vers l’extérieur. Nous apprenons à tous les niveaux et nous nous accommodons à notre environnement pour y trouver ou se faire une place. Cette étape essentielle, construit l’être social que nous sommes et lui permet de vivre en société.
En résumé, pour que nous puissions exister aux yeux des autres nous construisons ce que nous croyons devoir être une sorte d’image socialisée de nous-même. 
Rien de négatif dans cette construction en conformité car elle permet de vivre en bonne intelligence avec les autres et de faire partie de la société.

Le second temps est la prise de conscience : Nous commençons à réaliser que la première étape n’est qu’un aspect de ce que nous sommes, une sorte de nous-même un peu étriqué. Surtout si cette identification est en dissonance avec ce que nous sommes profondément. 
On commence à sentir que l’on souhaite être autre chose. On perçoit plus clairement ce qui a été non choisi dans notre vie.
L’entrée dans cette transition effrite petit à petit nos bases. Le doute s’installe tout doucement et le questionnement commence son travail. Une sorte de bilan commence à se mettre en place et nous ne savons pas quoi faire au début. 
Ce n’est pas une période facile mais ne lâchez pas, « keep calm » et gardez le cap. 
Accrochez-vous à vos passions, à ce qui vous donne de l’énergie et prenez soin de vous car les prises de conscience peuvent être difficiles à encaisser.

Le troisième temps est le face à face : Le flottement s’intensifie, on doute fortement de soi, de ses choix, on vit dans une sorte de clair-obscur. Un sentiment de ne plus savoir gérer peut s’emparer de nous, une sorte d’insécurité intérieure s’installe, cette période n’est pas très confortable.
Le besoin de s’écouter devient de plus en plus fort. Nous constatons même que moins nous nous écoutons, plus les symptômes du malaise sont forts voir presque assourdissants. 
Nous nous sentons fragiles, quelque chose en nous semble s’éloigner ou mourir avec une sensation que nos bases s’effondrent et nous pensons que c’est le deuil de notre jeunesse. 
Ce qui explique que nombre d’entre nous lors de cette phase sont dans une recherche effrénée d’un jeunisme à tout prix. Cela peut se traduire dans les tenues vestimentaires, l’affichage des goûts dits « djeuns», le choix d’un partenaire plus jeune, des opérations de chirurgie esthétique à répétition ou tout ce qui peut nous faire paraître encore jeune. Et nous mettons ces doutes sur le dos de la nostalgie de notre jeunesse qui se perd et nous le refusons dans un premier temps. 
En réalité, il s’agit de la perte de la personne que nous avons cru être. Celle de notre personnage construit année après année, une sorte d’image de nous-même mais certainement pas nous même.
Cette troisième phase est cruciale pour les femmes qui sont en période de pré-ménopause ou de ménopause. Il s’agit de prendre conscience que c’est notre personnage d’autrefois qui se fissure et les manifestations physiques de la ménopause peuvent nous aider à le faire. Ces troubles en nous ancrant dans un processus physique peuvent nous aider à travers eux à matérialiser ce changement.
Ce n’est certes pas facile mais il est important de ne pas se laisser emporter par ce tsunami du moment en luttant contre une illusion de perte de jeunesse. 
Car le plus important est de laisser partir cette partie de nous contenue et conforme pour nous accueillir pleinement et entièrement.
La résistance peut rendre le processus encore plus douloureux.
Il est plus fertile de laisser place aux babillements de notre personnalité cachée qui se manifeste de plus en plus fort. Plus nous percevons ce mouvement intérieur naturel et prenons soin de lui, l’écoutons, l’accueillons, moins il sera destructeur et plus il sera au contraire créateur. Il permet en réalité de pouvoir accueillir des aspects de soi qui sont positifs et que nous avons dû autrefois refouler pour se conformer et être accepté par les autres. 
Cela ressemble à une nouvelle naissance avec cette fois tous les aspects de nous-même, une sorte de nous entier avec de nouvelles références.

Le quatrième temps est le début de l’intégration : Après plusieurs allers-retours, l’incertitude perd du terrain et nous sortons peu à peu de la confusion. Le tourbillon s’apaise tout doucement, cela ne veut pas dire que notre questionnement s’est arrêté, en fait on commence à s’habituer à cette situation.
Un désir profond de ne plus trahir la personne profonde que nous sommes commence à émerger, une sorte de nouvelle honnêteté intellectuelle envers nous-même apparaît. 
Petit à petit nous refusons ce qui est contre nos propres valeurs, nous nous essayons même timidement au «Non!» pour ceux qui n’osaient pas le faire précédemment. L’apprentissage de ce non que nous nous  autorisons de plus en plus, nous permet aussi d’accéder aux vrais « Oui ! ».
C’est une vraie période de tri comme un inventaire de sa vie, on réalise que nous pouvons choisir ce que nous avons abandonnés de nous-même autrefois. 
Nous sommes maintenant en capacité de dire oui ou non pour nous même.
Nous nous ouvrons, petit à petit ou plus rapidement cela dépend de chacun à de nouveaux possibles vers des chemins que l’on avait écartés. 
Cela peut se traduire par de petites choses ou des choses plus grandes.Certains feront du sport, d’autres reprendront la musique ou la danse, d’autres écriront, d’autres changeront de métier, divorceront, entameront une thérapie, se marieront ou encore feront des voyages. Chacun possède sa propre façon de reprendre contact avec son potentiel, ses talents, ses valeurs et ce qui le meut profondément et ce en quittant enfin la surface des choses.
Cependant tout n’est pas rose pour tout le monde lors de cette période porteuse du potentiel de transformation positive. Car ce que nous avons occulté jusqu’à présent émerge et parfois les blessures ou les douleurs enfouies sont encore vives. 
Beaucoup de choses remontent à la surface, il est nécessaire de s’accrocher et faire du tri car la période est très propice à cela, c’est le moment de se délester des fardeaux lourds et entravants. Laissez partir ce que vous ne voulez plus dans notre vie ou ce qui vous semble caduque.

Le cinquième temps est l’individuation : La chrysalide est devenu papillon c’est-à-dire un individu complet plein de lui-même, une personne réveillée (awaken person). 
Cette période est l’opportunité, si le chemin a été suivi en conscience, d’intégrer les différentes parties de nous-même. Tout a ce qui a été réprimé dans la première partie de sa vie, retrouve une place pacifié dans la seconde partie. Un nouvel équilibre peut se mettre en place mâtiné d’une certaine souplesse.
Nous nous connaissons mieux avec nos multiples facettes des plus sombres aux plus lumineuses. Une sorte d’ouverture à la nuance se met en place, nous devenons moins intransigeants, un regard légèrement plus distancié s’installe doucement. Ce processus de transformation a fait de nous une personne plus mûre, plus libre de ses choix, plus souple avec elle-même et les autres.

En résumé : Si ce processus transformationnel devait se résumer, nous pourrions dire que la première partie de la vie est un mouvement, une énergie, une attention qui se porte vers l’extérieur.
L’individuation lors de la seconde partie de vie, ramène vers l’intériorité, la concentration se fait plus sur soi, ses besoins, ses valeurs, ses désirs et ses choix.

La crise de mi vie : A posteriori, ceux qui ont traversé cette sorte de «tempête du milieu de la vie » témoignent que malgré des moments très difficiles, c’est la meilleure chose qui leur soit arrivée.
Ce cheminement est salutaire car il permet par ses méandres, ses circonvolutions, ses découvertes, ses plongées dans les abîmes et ses apaisements, de les aider à synthétiser toutes les parties d’eux-mêmes.
Une vision plus congruente avec la nouvelle personne qu’elles sont devenues. La prise de conscience de la globalité de la vie, sortir du morcellement ou la dispersion leur donne une réelle opportunité de se réaliser.

Pour ma part, j’ai vécu ce processus, comme une  sorte de voyage avec toutes ses péripéties : La première partie de ma vie, j’ai énormément voyagé avec une soif énorme de connaitre l’autre, l’ailleurs et le différent. 
Sans que je me le dise, vers 40 ans j’ai eu moins envie de voyager. 
Ma soif d’apprendre avait changé, elle a basculé tout doucement de l’envie de connaitre l’autre vers l’envie de me connaitre Moi. 
En fréquentant Jung et beaucoup d’autres, je me suis rendue compte qu’il s’agissait de la même soif, d’une sorte de quête de soi dont le voyage était le support. 
J’ai compris que j’étais arrivée sur les berges de l’individuation quand l’envie de voyager vers l’extérieur est revenue quelques années plus tard. Comme un signe que l’exploration des abysses intérieurs, le nettoyage, le tri des objets encombrants étaient en grande partie achevés. 
Cela ne veut pas dire que cette intériorité est terminé mais plutôt que le ménage de fond a été effectué et que dorénavant un entretien régulier est suffisant.
Je vous souhaite une belle traversée !